Oïkos, en grec
ancien, dit à la fois ce que nous nommons « maison » (bâtiment où l’on habite),
« patrimoine » (biens meubles et immeubles possédés par une communauté ou un
individu) et « famille » (ceux qui vivent sous le même toit). Ce triple sens
recouvre d’autres singularités : ce «chez soi» antique est moins un lieu de
repli que d’échanges, moins un espace de clôture que de circulation. Loin de se
définir comme unité originaire et substantielle, il est marqué par l’altérité
et la pluralité.
On tentera de se
demander ce qui persiste, en silence, de cette diversité de la maison des Grecs
dans les interrogations contemporaines désignées par des termes où oïkos est
toujours présent, sans être vraiment entendu : éco-nomie (règle de la maison),
éco-logie (science de l’habiter), écou-mène (terre habitable). Dans quelle
mesure continuons-nous à penser la production, la société, la nature, les
langues, la terre à l’aide d’éléments empruntés, depuis les Grecs, à la maison
?
Roger-Pol Droit, «Qu’est-ce qui, de la maison des Grecs, habite
encore silencieusement les nôtres ?»,
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