Hermes y
Hestia
A diferencia del dios Hermes,
dios de los desplazamientos, que se detenía ante el umbral, Hestia penetraba en
el centro de las casas.
Las casas no se entendían como
espacios enclaustrados, sino como núcleos conectados a otras moradas. La red de
conexiones, que permitía la vida de las casas -los intercambios matrimoniales-
también estaban bajo la protección de Hestia (en tanto que diosa virgen, Hestia
no tenía familia propia, por lo que todas las familias era su familia). Los
viajes que presidía siempre tenían como fin la instauración de un nuevo espacio
interior.
Pedro
Azara, 2016
Los
mitos de Hestia y Hermes constituyen dos estructuras primordiales de la noción
de oikos, de la casa.
Hestia
ampara la esfera del fuego sagrado, allí donde se emplaza el último y más
recóndito reducto de lo propio. Mientras tanto, Hermes asiste a los tránsitos,
a las conexiones, a los vínculos, a los pasajeros de todos los laberintos que
van a dar allí en donde impera Hestia y su paz.
Desde
entonces, una casa es una esfera y también un punto notable en unos laberintos
que cobijan la urdimbre y trama de la vida.
Passer un pont, traverser un fleuve, franchir une
frontière, c’est quitter l’espace intime et familier où l’on est à sa place pou
pénétrer dans un horizon différent, un espace étranger, inconnu où l’on risque,
confronté à ce qui est un autre, de se découvrir sans lieu propice, sans
identité.
Ce dedans rassurant, clôturé, stable, ce dehors
inquiétant, ouvert, mobile, les Grecs anciens les ont exprimés sous la forme
d’un couple de divinités unies et opposées : Hestia et Hermes
Hestia est
la déesse du foyer, au cœur de la maison. Elle fait l’espace domestique qu’elle
enracine au plus profond d’un dedans, fixe, délimité, immobile, un centre qui
confère au groupe familial en assurant son assise spatiale, permanence dans le
temps, singularité à la surface au sol, sécurité face à l’extérieur.
Autant Hestia est sédentaire, refermée sur les
humains et les richesses qu’elle abrite, autant Hermès est nomade, vagabond,
toujours à courir le monde.
Il passe sans arrêt d’un lieu à un autre, se riant
des frontières, des clôtures, des portes qu’il franchit par jeu à sa guise.
Maître des échanges, des contacts, à l’affût des rencontres, il est le dieu des
chemins où il guide le voyageur, le dieu aussi des étendues sans routes, des
terres en friche où il mène les troupeaux, richesse mobile dont il a la charge
comme Hestia veille sur les trésors calfeutrés au secret des maisons.
Divinités qui s’opposent, certes, mais qui sont
aussi indissociables.
Une composante d’Hestia appartient à Hermès, une
part d’Hermès revient à Hestia. C’est sur l’autel de la déesse, au foyer des
demeures privées et des édifices publics que sont selon le rite accueillis,
nourris, hébergés les étrangers venus de loin, hôtes et ambassadeurs.
Pour qu’il y ait véritablement un dedans encore
faut il qu’il s’ouvre sur le dehors pour le recevoir en son sein. Et chaque
individu humain doit assumer sa part d’Hestia et sa part d’Hermès.
Pour être soi il faut se projeter vers ce qui vous
est étranger, se prolonger dans et par lui.
Demeurer enclos dans son identité, c’est se perdre
et cesser d’être.
On se connaît, on se construit par le contact,
l’échange, le commerce avec l’autre.
Entre les rives du même et de l’autre, l’homme est
un pont.
Jean-Pierre
Vernant , 2004.
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